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Eh bien ! j’étais une bourrique. Ils avaient raison, ceux qui disaient cela. Et maintenant que nous sommes entourés d’ennemis, je me ferais tuer comme une grive pour le drapeau ; car il me semble que s’ils l’enlevaient, il ne nous resterait plus rien.

La journée s’écoule tranquillement.

Depuis les passes de Baguessé, le M’Bomou est une grosse rivière, plus large que la Seine, avec beaucoup d’eau. Il y a des forêts, tout le long.

Autant la route était pénible dans le cours inférieur du fleuve, autant elle est aisée maintenant. On se promène, la canne à la main. Non, je veux dire : la rame à la main. Et s’il n’y avait pas des armées et des armées de moustiques et de maringouins, ça serait une vraie partie de plaisir.

C’est égal, quand on voit ces forêts-là, c’est autre chose que le bois de Boulogne. Il faut voir cela pour le croire.

Les pagaieurs chantent pour se donner du biceps. Ça ne doit pas être difficile de faire des chansons pour les nègres. Depuis une heure ils répètent :

Malung’ ké paï mou
Ehé n’ guï akar rofa

Je ne sais pas au juste ce que cela veut dire, mais j’ai remarqué que cela correspond à quatre coups d’avirons.

Rien de curieux aujourd’hui.

En passant tout près d’une rive marécageuse, j’ai cueilli une fleur de lotus… Quel joli bouquet on ferait si Louise était là.

Six heures du soir. On s’arrête dans une île boisée. On y passera la nuit.

9 août. — On a navigué toute la journée.

Rencontré des troupeaux d’hippopotames.

Les camarades voulaient leur envoyer quelques balles, mais le capitaine s’y est opposé. Il paraît que ces grosses bêtes sont très méchantes quand elles sont blessées, et nous n’avons pas le temps de nous mettre en bisbille avec elles.

Le capitaine m’a expliqué que le mot hippopotame signifie « cheval de fleuve ». Eh bien, je voudrais bien connaître le