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Des gouttes de sang coulèrent de la plaie béante qui occupait la place des paupières.

— Ce couteau, ce couteau… retirez-le… ma vie s’envolera avec lui.

Les trois hommes entouraient la claie.

Cette prière affola ces soldats, ce médecin.

L’un d’eux exauça-t-il le suprême vœu de cette martyre, que la science se déclarait impuissante à guérir.

Ou bien le mouvement de la moribonde fut-il seul cause de la chute de l’arme.

Toujours est-il que le contenu glissa hors de la blessure et tomba sur la claie auprès de miss Jane.

Celle-ci poussa un profond soupir, jeta dans un souffle :

— Merci !

Puis elle demeura immobile, une mousse rosée coulant lentement de ses lèvres disjointes.

Elle avait fini de souffrir.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

La colonne expéditionnaire campa au milieu des ruines du village.

Une escouade avait creusé en hâte une fosse profonde et les derniers honneurs avaient été rendus aux agents anglais[1].

Le lendemain, de grand matin, on reprenait le chemin du poste de Baguessé, où l’on rentrait, le soir même, au milieu des acclamations des porteurs et des Soudanais qui étaient restés à la garde du fortin.

IX

JOURNAL D’UN SOUS-OFFICIER.


Quelques jours plus tard, on reçut des nouvelles expédiées par le capitaine Baratier parti en éclaireur, ainsi que nous

  1. Le rapport Talmans contient ici quelques phrases élogieuses à l’adresse des Français. Ce sont les seules, il est juste de les signaler.