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que lui inspirait l’attitude de ceux dont elle avait comploté la perte.

Car c’était elle, c’était son père, étendu mort à son côté, qui avaient soulevé la tempête dans laquelle la mission aurait peut-être succombé, si son chef, veillant à tout, n’avait pas songé à interroger adroitement le noir, qui s’était présenté au camp pour traiter de la vente de ses moutons.

Depuis Brazzaville, le père et la fille avaient marché sur la rive gauche du Congo, au milieu des tribus où résidaient d’autres agents libres ou des champions de l’ordre.

Dans les demeures de ceux-ci, ils recevaient l’hospitalité. Leur route était jalonnée ainsi par de véritables relais.

N’étant point embarrassés de bagages, ils avaient progressé beaucoup plus vite que la mission.

Partout ils avaient tenté d’ameuter les populations.

Mais les succès remportés par nos colonnes, l’établissement de postes-fortins dans le Haut-Oubanghi, les expéditions heureuses de M. Liotard, enfin l’aspect imposant du convoi commandé par Marchand, inspiraient aux indigènes une crainte salutaire.

Les efforts des Anglais avaient été vains.

Alors ils s’étaient acharnés à leur œuvre de haine.

Ils avaient porté leurs pas dans Les régions inconnues, où la mission Congo-Nil devait s’engager.

Et là, ils avaient trouvé enfin des auxiliaires, des noirs qui n’avaient point entendu parler des Fringi, les blancs qui, ainsi que l’expliquent les tribus soumises, portent avec eux un étendard ayant les couleurs du ciel du lait et du sang, pour proclamer qu’ils sont grands, doux et capables de se venger des offenses.

Donc le massacre de la mission fut résolu.

Durant des semaines, les Anglais guettèrent la flottille.

Une impatience furieuse les amenait chaque jour sur les rives du M’Bomou.

Enfin les pirogues furent signalées.

On sait quel fut le résultat de l’attaque.

Les quelques guerriers, échappés au carnage, rejoignirent leur village. Ils accusèrent les Anglais de les avoir trompés en les soulevant contre les étrangers. Pouvaient-ils espérer vaincre une troupe aussi formidablement armée.

Ils étaient vaincus. La puissance militaire de la tribu se