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Mangin pour effectuer son mouvement tournant, le commandant Marchand donna le signal de l’attaque.

Aussitôt les Soudanais se déployèrent en tirailleurs.

Par bonds successifs, ils s’avancèrent vers le village.

Celui-ci paraissait abandonné.

Rien ne bougeait.

Aucune tête crépue ne se montrait au-dessus des palissades.

Le commandant, en présence de ce silence inexplicable craignit une embuscade.

Il fit faire halte et envoya en avant deux hommes chargés de reconnaître la position et de s’assurer si, oui ou non, elle était occupée.

Les éclaireurs, courbés vers le sol, s’applatissant contre terre au moindre bruit, arrivèrent jusqu’aux palissades.

Pas une flèche, pas un projectile n’avait salué leur approche.

Est-ce que décidément les ennemis avaient décampé ?

Un instant, les deux tirailleurs restèrent tapis au bord du fossé creusé au pied du retranchement.

Puis l’un d’eux se décida, sauta dans le trou, et, s’aidant des mains et des pieds, parvint à atteindre le sommet des pieux.

Il regarda curieusement à l’intérieur ; après quoi, on le vit se mettre à cheval sur la crête de la palissade et agiter les bras en signe d’appel,

La mimique était claire.

Le village était abandonné.

— En avant, cria joyeusement le commandant.

Et tous les tirailleurs bondirent sur leurs pieds, s’élancèrent au pas de course vers le village.

La section Mangin, qui venait de déboucher de la forêt, ne se méprit pas à ces signes et se mit à courir avec un entrain tel, que l’on eût pu croire qu’elle voulait arriver au village avant la fraction Marchand.

En cinq minutes, les Sénégalais avaient escaladé les palissades, y avaient pratiqué de larges brèches et se répandaient dans les paillottes.

Les instruments de ménage, les armes, les sièges grossiers, les étoffes étaient entassés en face les portes, et les tirailleurs y mettaient le feu.