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déjà entre les diverses équipes de porteurs, n’eussent l’air satisfaits.

Très probablement, ceux-là se disaient que leur situation était préférable à celle de leurs congénères en fuite vers leur village.

Eux au moins n’avaient plus rien à craindre.

Dans la plaine, des corvées fournies par les porteurs, creusaient de longues fosses.

On y jetterait les cadavres au plus tôt, car, sous ce ciel torride, la décomposition va vite, et, faute d’une inhumation prompte, la position fût devenue intenable en vingt-quatre heures.

Au moment précis indiqué par Marchand, la compagnie du capitaine Mangin se trouva alignée, prête à partir.

Cette fois, le chef de la mission prit le commandement de la colonne.

La petite troupe quitta le fort, dévala le flanc du coteau, puis, bien que, selon toutes probabilités, il n’y eût aucun ennemi à plusieurs kilomètres à la ronde, elle prit sa formation de marche.

Une avant-garde, des flanqueurs se séparèrent, commençant en conscience leur rôle d’éclaireurs.

Le corps principal suivit.

Bientôt tous étaient en pleine forêt.

Mais la route était relativement facile. Elle avait été tracée la veille par les bandes sauvages, dont la fureur était venue se briser contre les remparts du fortin.

On ne risquait donc pas de s’égarer.

Au reste, de loin en loin, des cadavres jonchaient le sentier.

C’étaient ceux des blessés, qui avaient usé leurs dernières forces en essayant de regagner leur village.

Les chacals ou les fauves se chargeraient de faire disparaître les corps.

Au plus fort du jour, on fit halte dans une clairière.

L’ennemi y avait campé également.

Des cercles noirs tachant le sol, indiquaient qu’il y avait allumé des feux.

Vers quatre heures la marche fut reprise.

À la nuit, il fallut se résoudre à dresser le campement en pleine forêt.