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— Ainsi que les deux chalands en acier et la flottille de pirogues. Il n’y a pas à en douter. L’expédition qui a motivé de tels préparatifs doit être longue et lointaine.

— Le Nil, mon cher père, je vous l’ai affirmé.

— Je vous crois, Jane, je vous crois. Je sais par expérience combien votre tête est solide. Et ces gens doivent remonter le Congo, l’Oubanghi ?

— Oui.

— Et après ?

— J’ai cru comprendre qu’une fois arrivés à la limite des eaux navigables ils se dirigeraient vers le Nord jusqu’à Dem-Ziber, puis infléchiraient leur marche vers l’Est en contournant les marécages du Bahr-el-Ghazal par les provinces méridionales du Kordofau, en vue d’atteindre le Nil à hauteur de la bourgade de Fachoda.

Bright leva les bras au ciel.

— C’est une tentative insensée. Il y a quatre-vingt-dix-neuf chances sur cent pour échouer

— C’est aussi mon avis, dit tranquillement la blonde miss.

— Alors, il vous semble, comme à moi, que ces Français sont fous.

Jane secoua la tête :

— Permettez. Ici, mon avis diffère du vôtre.

— Quoi ! vraiment ?… avec quatre-vingt-dix-neuf chances d’insuccès…

— De votre aveu même, mon père, il en reste une de réussite. Ils la tentent, audacieux sans doute, mais non fous.

— Vous les défendez à présent ?

— Pas le moins du monde.

Et avec un sourire ironique :

— Je vous apporte les renseignements les plus précis ; je vous donne le moyen de contrarier tous leurs projets, et vous appelez cela les défendre… Vraiment, mon père, vous êtes plus royaliste que la reine et plus anglais qu’il ne convient… même à un agent libre de l’Angleterre.

Mister Bright ne répondit pas.

Tandis qu’il discutait, avec sa fille, plusieurs personnes étaient arrivées sur le quai.

Elles regardaient aussi.

C’étaient des colons, des soldats belges, en vestons et