Sur une planchette fixée à la paroi, une enveloppe, placée en évidence, attira l’attention de Massiliague. Il se pencha. Son visage exprima la stupeur. Le Marseillais venait de lire cette suscription :
— Té, la povre se trahit d’elle-même… Elle écrivait à notre brave chasseur.
Celui-ci, devenu pâle, prit la missive d’une main tremblante, fit sauter le cachet et, la voix changée, hésitante, épela les lignes suivantes :
« Je vous ai aperçu ce matin ; j’ai deviné que vous étiez à ma recherche, que vous suiviez ma trace. Ce m’a été une douce chose d’avoir reçu de vous cette dernière marque d’affection ; mais personne, pas même vous, ne peut changer mon sort. La prédiction inca est précise : Celle qui aura ramené au jour le gorgerin d’alliance devra être immolée sur l’autel de Lumière, sur la pierre consacrée au Soleil. Faute de ce sacrifice, nos peines deviendraient inutiles aux yeux des Indiens ; les périls bravés en commun resteraient stériles. Oubliez celle qui déjà se considère comme morte, et pour qui c’est une douleur de plus de songer que vous la pleurez.
Tous les yeux étaient humides. Stella avait croisé les mains sur sa poitrine, où son cœur sautait éperdument. Un désir aigu la hantait de connaître Ydna, cette douce héroïne qui, sans phrases pompeuses, sans gémissements, donnait sa vie pour assurer l’indépendance Sud-américaine.
Et Massiliague, dont la face réjouie se contractait désespérément pour retenir les larmes prêtes à s’échapper de ses paupières, murmura :