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Mexico, à la poursuite d’une señora qui doit mourir…

— Commandant !

Ce mot, lancé par une voix rude, interrompit le narrateur.

— Qu’est-ce ? demanda l’officier, faisant face au quartier-maître qui l’avait interpellé.

— Le matelot Paz s’est blessé grièvement, il a été transporté à l’infirmerie.

— J’y vais. Excusez-moi, señor ; je reviendrai dans quelques minutes.

Sur ce, le second suivit le quartier-maître, laissant Scipion fort mécontent de ne point réussir à placer son récit. Par bonheur, le capitaine en personne, le señor Armadas, parut sur le quai.

— Le capitan, le capitan, chuchotèrent les marins en faisant vivement glisser la passerelle.

— Le capitaine ! Enfin, cette fois, de gré ou de force, je serai renseigné.

Tout en parlant, Massiliague se plantait à l’extrémité du léger pont reliant le navire au quai ; il saisissait le señor Armadas, à la minute précise où celui-ci posait le pied sur le steamer.

— Capitaine, Scipion Massiliague, de Marseille, avec ses compagnons, passagers de première classe, acheva le Marseillais, qui désirent vous entretenir un zeste.

Quelque peu surpris de la soudaineté de l’attaque, l’officier répondit néanmoins du ton le plus aimable :

— Parlez, señor.

— Ainsi fais-je, rascasse, sans me répandre en vaines récriminations sur la difficulté de la conversation à bord.

Et reprenant la phrase qui semblait vraiment stéréotypée sur ses lèvres, Scipion continua :

— Nous arrivons de Mexico, à la poursuite d’une señora, qui doit mourir et que nous ne voulons pas qu’elle trépasse.