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de Candi, ses pères adoptifs pour lesquels il éprouvait à la fois de la reconnaissance affectueuse et du mépris.

Son visage se rembrunit. Silencieux, il se rassit auprès de la jeune fille.

— Olivio, commença celle-ci, est ingénieur, je vous l’ai dit. Sa bonne mine, son intelligence frappèrent M. Roland qui le rencontra dans une réunion agricole tenue à Tabatinga, que présidait Pedro de Avarca, gouverneur de l’Amazonas. Le traître devina-t-il quelque chose ? Mon père se trahit-il ? Je l’ignore. Mais peu après, Olivio se présenta à l’hacienda. Il affecta un enthousiasme extraordinaire pour les recherches du « Maître Roland » ; il l’appelait ainsi. Sans défiance, mon père, ravi d’avoir un compagnon de laboratoire, car mes frères s’intéressaient plus à l’agriculture, à la chasse, à la pêche, qu’aux réactions chimiques ; ravi, dis-je, mon père ne quittait plus Olivio. Sa confiance, hélas ! l’aveugla. Il voulut l’associer à sa tâche de délivrance. Il lui confia le secret de l’existence des trésors des Incas. Des soldats de l’Amazonas pénétrèrent à quelques jours de là dans le temple Incatl où Olivio les conduisait. Mais il eut beau frapper la cinquième colonne, il eut beau tirer à lui le mufle de pierre du puma, aucune ouverture ne se présenta à ses yeux. Sans doute, il est nécessaire que la source s’arrête, pour que les rouages du mécanisme fonctionnent. Furieux de sa déconvenue, le traître revint chez mon père. Il l’accusa de lui avoir caché une part de la vérité ; il le menaça de le faire arrêter et mourir en prison s’il ne lui indiquait le moyen de pénétrer dans les salles du trésor, le trésor devant revenir à l’État. L’État, c’était son frère Pedro, gouverneur nommé par la junte (assemblée législative) d’Amazonas. L’État, c’était surtout lui-même. Mon père, veuf depuis quelques années, ne pouvait lui en apprendre davantage. Persécuté sans cesse, craignant pour sa