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— En arrière de toi, prêtre d’Incatl, jaillissant du piédestal qui porte l’image du divin Soleil, est la source sacrée. Elle brûle la main qui se plonge dans ses eaux. Consacrée au roi de la lumière et du feu, elle a une température élevée, et les volutes de vapeur qui, lentement, vont se perdre sous les voûtes du temple, annoncent sa présence aux fidèles d’Incatl.

Le grand prêtre s’inclina :

— Tes paroles sont douces à mon oreille. Dis maintenant quelle est ta mission ?

De nouveau Jean embrassa ses compagnons d’un regard. L’heure solennelle avait sonné.

Si Stella avait oublié un détail ; si le récit, autrefois confié à sa jeune intelligence par M. Roland, contenait une lacune, l’ingénieur serait taxé d’imposture. Il serait perdu, et, avec lui, Ydna, Stella, ses amis. Cependant il fit bonne contenance ; rien, dans son organe, ne décela le trouble soudain de son esprit.

— L’eau coule, fluide et bouillonnante. Il n’est au pouvoir de personne de l’emprisonner dans sa main. Le Maître doit opérer ce miracle que l’eau de la source devienne solide, qu’elle puisse être saisie.

Aucun mouvement parmi les habitants du sanctuaire. Encouragé par le silence qu’il devinait sympathique, Jean continua avec plus de force :

— Ce qui fuit la main doit s’y tenir stagnant ; ce qui court doit s’arrêter ; ce qui brûle doit devenir froid, le fluide doit être pierre.

Un murmure accueillit la fin de la phrase.

— Il a bien parlé, psalmodièrent les desservants du Soleil.

— Ce sont les termes même de la tradition, firent les jeunes filles aux blanches tuniques.

Mais le grand prêtre leva la main. Tout bruit cessa.

— Tu as entendu ?

— Oui.

— Tes paroles sont l’expression de la vérité promise. Je veux te donner toutes facilités pour accomplir ce que tu t’es engagé à réaliser.

— Je te remercie, mais je n’ai besoin que d’une chose. Que, tous, vous démasquiez la fontaine sacrée et que vous vous rassembliez autour de moi.