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— Tu es un omre da contrabandista (contrebandier), continua la jeune fille.

— Oh ! plus maintenant, señorita !

Le malheureux joignit les mains, terrifié par le revolver dont la bouche noire le menaçait.

— Tu l’étais, répond franchement, ou tu es mort.

— Oui, señorita.

Tu n’as pas vu le señor Olivio aujourd’hui pour la première fois ?

Bartolomeo tarda à répliquer. Le revolver se braqua sur lui. Il gémit :

— Non, non, señorita, pas pour la première fois.

— Où l’avais-tu rencontré ?

— À son hacienda de Amacenas.

— Qu’y faisais-tu ?

— J’accompagnais des marchandises de contre-bande, que le señor permettait de cacher chez lui.

Pedro eut un gémissement sourd : — Toutes les hontes, toutes les vilenies, fit-il.

Mais Ydna continuait :

— Alors, il t’a payé pour nous mentir ?

— Oui, señorita.

Bartolomeo n’hésitait plus. Le revolver développait en lui un ardent amour de la vérité.

Une heure plus tôt, il eût peut-être été brave, il eût défié la mort. Mais Olivio, en mettant dans sa poche une poignée d’or, lui avait également, sans le vouloir, jeté dans le cœur les germes de la couardise.

— Son cheval n’est pas fourbu ?

— Non, señorita.

— Il nous précède de combien ?

— De vingt-cinq minutes à présent.

— Et ton vin de palme est-il pur ?

— Non.

— Que contient-il ?

— Cela, je vous le jure, señorita, je l’ignore. C’est le señor Olivio qui y a versé une poudre blanche.

— Du poison, n’est-ce pas ?

— Je le crois.

Pedro se tordit les mains.

— Il voulait ma mort ! Ah ! quel aveu ajouterait à cela ? Pourquoi continuer jusqu’à Incatl ?