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— N’as-tu pas vu passer un cavalier, quelques heures avant nous ?

— Si, señor. Il s’est même arrêté pour bouchonner sa monture, et j’ai appris qu’il s’appelait Olivio.

L’ingénieur échangea un coup d’œil avec ses amis.

— A-t-il beaucoup d’avance sur nous ?

— Une heure à peine. Et même vous le rattraperez facilement, car son cheval paraît à bout de forces ; Il ne saurait le porter bien loin.

Religieusement, Bartolomeo récitait les phrases dictées par l’haciendero. Avec rondeur il ajouta :

— J’ai du vin de palme bien frais. Les señores ne voudront-ils pas se rafraîchir avant de poursuivre leur route ?

Venant de mettre à contribution l’obligeance de l’homme, il eût été difficile de refuser. Boire est un moyen détourné de rémunérer le service rendu.

— Volontiers, répondit Jean sans hésiter.

Bientôt dans des verres, quelque peu ébréchés, pétilla le vin de palme. Les gobelets se choquèrent. Tous allaient boire.

— Ne buvez pas ! arrêtez ! s’écria soudain Ydna.

Tous la considérèrent avec surprise. Elle se tenait toute pâle, barrant la porte, et sa main serrait la crosse d’un revolver, arraché aux fontes d’une selle.

— Cet homme nous a trompés, dit-elle froidement

— Moi, tromper les señores ! essaya de protester le contrebandier.

— Oui, toi. Une chose m’avait surprise tout à l’heure, c’est qu’Olivio, qui se cache, qui fuit, jette son nom au premier venu.

— C’est ma foi, vrai ! murmurèrent les assistants.

Dans l’excès de son zèle, Bartolomeo avait dépassé le but. Cependant il voulut encore se défendre :

— J’ai dit la vérité.

La prêtresse eut une moue dédaigneuse.

— J’ai observé ce drôle. Sa joie, lorsque vous avez rempli les verres, a confirmé mes soupçons, et à l’instant, mon esprit surexcité l’a reconnu.

— La señorita fait erreur, je ne l’ai jamais vue.

— Mais, moi, je t’ai vu au temple d’Incatl.

L’homme ne put réprimer un geste d’étonnement.