coupait une ouverture rectangulaire armée d’un petit pavillon.
C’était, son nom l’a déjà tait pressentir, un indicateur de l’éloignement et de la direction des sons.
Olivio arrêta son cheval.
Il plaça le téléphonomètre à plat sur sa main, l’ouverture latérale tournée du côté d’où il venait.
Le principe de l’instrument est fort simple. Les sons recueillis par le pavillon mettent en vibration une membrane tendue sur un cadre rigide, mais mobile autour d’un axe. La vibration de ce tympan se transmet à l’aiguille du cadran, chargée de donner la distance.
L’angle, décrit autour de l’axe, est enregistré par le deuxième cadran, et permet de déterminer, au moyen d’un calcul très simple, la direction du bruit.
L’expérience d’Olivio dura dix secondes à peine.
Son téléphonomètre disparut dans sa poche, et il remit sa monture au trot, tout en grommelant :
— Douze kilomètres nous séparent. Ils m’ont gagné depuis hier. Bah ! au Ponte Novo, je reprendrai mon avance.
Maintenant une herbe drue bordait la route.
Une rivière, jaillie d’un passage souterrain des collines, serpentait entre le pied des hauteurs et le chemin.
— Rapide, la Chirihua, monologua le cavalier, et froide comme la glace ; peuh ! avec des femmes, ils ne la traverseront jamais à la nage. Plus de pont, ils perdront un temps précieux. Ce ne sera du reste pas le seul obstacle qu’ils rencontreront…
Soudain, il eut un cri joyeux.
À quelque cent mètres, une passerelle franchissait le courant.
— Le Ponte Novo, dit-il.
Ses talons serrèrent les flancs du cheval qui, en une foulée rapide, atteignit le ponceau et s’arrêta.
Deux fortes solives plantées en terre sur chaque rive ; trois troncs d’arbres à peine équarris, fixés à ces solives par des lianes, tel était le Ponte Novo.
Sans hésiter, Olivio passa sur la berge opposée.