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Le quart avant trois heures tinta à une horloge voisine.

Les fenêtres du logis d’Olivio s’ouvrirent.

L’haciendero s’accouda à l’une ; son frère, le gouverneur Pedro, prit place auprès de lui.

À la seconde fenêtre, deux hommes se montrèrent.

C’était Alcidus Noguer et Scipion Massillague, qui, par amour du confortable probablement, avaient préféré à la société du gobernador-président une croisée pour eux seuls.

De sourdes huées accueillirent l’apparition des quatre personnages.

À cette heure, l’intervention de la Madone ne faisait plus de doute pour les trois quarts de la population, et quiconque eût essayé de ramener le « miracle » à la réalité eût été houspillé d’importance.

D’une fenêtre à l’autre on causait chez Olivio.

— Cette fois, plaisantait Alcidus, je crois que tout ira bien.

— Je le pense, répondit Olivio avec un sourire cruel.

— Je le souhaite, prononça Pedro entre haut et bas.

— Et moi, j’en ai la certitude, s’exclama Scipion Massiliague. Il n’y a certainement pas plus de miracles à Marseille qu’à Sao-Domenco.

Il fut interrompu par Olivio.

L’haciendero venait de se tourner vivement vers Pedro.

— Que prétendez-vous exprimer, mon cher Pedro, en disant : Je le souhaite ?

Affectueusement, Pedro s’appuya sur son épaule :

— Croyez-moi, mon frère ; je fais des vœux pour que tout se passe au gré de vos désirs.

— J’en suis persuadé. Aussi, je ne comprends rien à votre attitude ?…

— Il n’est pas en mon pouvoir de vous éclairer ; j’éprouve une anxiété douloureuse, une angoisse irraisonnée.

Un murmure lointain interrompit la conversation.

— Le cortège quitte la prison ! crièrent Scipion et Alcidus.