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tions généreuses, non les délicatesses subtiles, mais seulement le côté brillant et vaniteux.

Les spectateurs étaient à la fois gourmés et cocasses, poseurs et ridicules.

Dans une loge de face, Pedro, son frère, Alcidus Noguer et Massiliague attiraient tous les regards.

Sous l’empire de préoccupations différentes, les deux frères avaient cédé sans grande résistance aux objurgations du pseudo-courtier, qui leur avait démontré qu’après l’heureuse issue du procès, ils devaient au tribunal, au public, de marquer leur satisfaction par une démarche de ce genre.

Chacun dans un sens différent, Olivio et Pedro avaient reconnu l’utilité de la manifestation.

Massiliague s’était chargé de louer les places ; Alcidus avait commandé un repas plantureux chez Pantario, maire et aubergiste de Sao-Domenco.

Bref, tous quatre étaient arrivés au théâtre dans les plus heureuses dispositions.

Et maintenant ; les señoritas, à peau blanche, noire, rouge, brune, café au lait ou pain d’épices, faisaient briller leurs diamants, distillaient leurs œillades, cherchant à attirer l’attention des deux frères, l’un, premier fonctionnaire de l’État de Amazonas, l’autre, richissime haciendero de la province.

Tous deux célibataires, apparaissaient, aux beautés multicolores à marier, comme des proies enviables entre toutes.

Ils ne s’en apercevaient pas.

Silencieux, préoccupés, ils laissaient le Marseillais lâcher la bride à sa faconde intarissable, entendant sans les comprendre les imaginations bizarres du brave garçon.

Scipion s’en donnait à cœur joie.

« — Oui, señores, disait-il, on a de l’esprit à Marseille, mais jamais personne, troun de l’air, n’a eu autant d’esprits à son service que mon cousin Malifousse.

Il faut vous dire que Malifousse pratiquait le spiritisme.

Il faisait tourner les tables comme un manège de chevaux de bois. Avé lui, mon bon, les chaises dan-