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Dehors, elle respira plus à l’aise, avec un sentiment de délivrance, heureuse de n’avoir plus sous les yeux les cadavres des compagnons du Poison Bleu. Certes, c’étaient d’affreux bandits, que la justice humaine eût envoyés au supplice sans hésitation possible. Mais cette exécution sommaire, cette hécatombe de cinquante hommes, une heure plus tôt robustes et pleins de vie, lui causait une émotion profonde.

Ses nerfs avaient raison de sa volonté.

Guidée par le Marseillais, escortée par Crabb et Candi, Dolorès-Ydna traversa le bois. À la lisière, deux chevaux, attachés à un tronc d’arbre, semblaient attendre. Candi prononça seulement :

— Pour vous.

La jeune fille sauta en selle, imitant en cela le Provençal. Celui-ci se retourna vers les ex-bandits.

— Vous allez rentrer à l’hacienda.

— Oui, signor.

— En vous voyant, Jean comprendra que nous avons réussi. Tâchez de lui glisser à l’oreille qu’une fois Mlle Ydna en sûreté, je reviendrai.

Puis s’adressant à la jeune fille :

— En route, je vous prie.

Et il poussa son cheval. Ydna, obéissante, rendit la main.

Elle allait s’éloigner, mais l’Italien appuya la main sur les rênes.

— Oun instant encore.

Du doigt, il souleva une petite sacoche attachée à l’arçon de la selle.

— Voyez cette petite boite, signorina.

— Je la vois.

— Elle contient quelques globules d’air liquide.

— À moi, une arme aussi terrible ?

— Jean lé veut. Souvénez-vous, si oun danger vous ménace. Vous zétez lé globoule dé loin aux ennemis, et lé passage sera libre aussitôt.

— Dites au señor Jean que je le remercie de tout mon cœur.

L’Italien avait lâché la bride.