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contentement. Les courtiers ne le remarquaient pas le moins du monde.

— Du moins, expliqua Noguer, nous avons cru entendre que le noble señor gobernador avait l’intention de gagner l’hacienda de Amacenas pour…

— Hum ! hum ! tonitrua le Provençal pris soudain d’une toux opiniâtre.

Le boiteux se tut, l’embarras se trahit sur son visage.

— Pour… ? interrogea curieusement Olivio.

Mais le bon Allemand lui appuya les mains sur les épaules :

— Tenez, n’en demandez pas davantage.

— Pour quelle raison ?

— Eh bien ! je me suis embarqué dans cette histoire, et je ne vois pas le moyen d’en sortir.

— Ce qui vous reste à dire est donc bien grave ?

— Je n’en sais rien, mais je crains de paraître indiscret, d’avoir l’aspect du monsieur qui se mêle de ce qui ne le concerne pas.

— Autremain, on vous dirait tout compléta aimablement Scipion.

Mais il eut un cri :

— Oh ! les adorables rieurs…

Et abandonnant un instant ses compagnons, il courut vers l’arbuste qui avait motivé son exclamation.

Cependant le bandit reprenait le bras de l’homme aux lurettes bleues et de sa voix la plus insinuante :

— Bannissez cette crainte. Les hommes comme vous ont le droit de tout dire. Qu’est-ce qui motivé la visite de mon frère ?

— Vous voulez le savoir ?

— Absolument

— Eh bien ! c’est une plainte.

— Une plainte ?

— Déposée contre vous.

Olivio haussa les épaules d’un mouvement dédaigneux.

— Contre vous, continua imperturbablement Noguer, par un certain Jean, Français de naissance.

Le chef de bandits considéra son compagnon avec stupéfaction.