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à verres bleus, lui composaient une étrange et baroque physionomie.

Dans le second, brun, la mine joviale, les bandits eussent reconnu, Massiliague, s’ils l’avaient seulement aperçu une fois auparavant.

L’un claudicant d’outrageuse façon, l’autre les mains dans ses poches, la lèvre souriante, ils s’approchaient du comptoir.

Le blond demanda d’une voix grêle :

— Le señor Olivio de Avarca ?

— C’est moi, répondit l’interpellé.

— Je m’en serais douté, rascasse, s’exclama Scipion, à votre bonne mine.

Et tandis qu’il saluait, son compagnon reprit :

— Enchanté de faire votre connaissance, señor. Je suis Alcidus Noguer, représentant de la maison Muller et Muller, de Hambourg.

— Moi je suis Scipion Massiliague, intervint le Marseillais, également représentant de la maison Muller et Muller, de Hambourg, et associé à mon ami Alcidus Noguer.

Puis tous deux ensemble achevèrent avec un salut courtois :

— Et nous venons traiter avec vous de l’achat de toute votre disponibilité de diamants.

La foudre, tombant au milieu de la salle, n’eût pas produit un effet plus grand que ces paroles, prononcées tranquillement par le boiteux et son associé.

Kasper, Cristino, José ouvrirent démesurément les yeux et considérèrent les étrangers avec un respect évident. Olivio lui-même s’inclina et une teinte plus rouge colora ses joues.

— Toute notre disponibilité ? fit-il d’un air interrogateur.

L’homme aux lunettes bleues abaissa la tête à diverses reprises pour affirmer :

— Oui, toute !

Le Provençal appuya :

— Bé oui, ma caille, toute !

— Mais nous en avons pour plusieurs millions.

— Cela ne signifie rien, répondirent en chœur les nouveaux venus.