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versées, rentraient bientôt au bercail, grâce aux vertus persuasives (le mot était du señor) des ampoules d’air liquide.

L’une après l’autre, les personnes qui attendaient eurent leur tour.

À toutes on demandait si elles demeuraient dans le pays, ou si elles reprenaient le chemin de la côte de l’Atlantique.

Pour les premières, on se montrait moins large que pour les secondes.

Enfin, le dernier client sortit. Olivio se frotta les mains.

— Garçons, nous gagnons sept cent mille francs ce matin !

Et avec un ricanement :

— En y comprenant les opérations de notre succursale de Teffé.

Un éclat de rire accueillit la plaisanterie. Les bandits la faisaient souvent entre eux, mais elle leur paraissait toujours drôle.

— Avec dix journées par mois comme celle-ci, continua Olivio, nous arriverions tous à cette fortune que nous rêvons ; mais c’est là un procédé lent, exigeant un travail indigne de nous ; et puis, la police s’étonnera peut-être bientôt de la quantité de noyés charriés par l’Amazone. C’est pourquoi j’ai cherché et j’ai trouvé mieux. Nos prisonnières peuvent nous livrer un trésor accumulé jadis pendant des siècles. D’un coup, nous serons les héritiers des Incas, riches à acheter le monde.

Arrêtant le murmure avide des auditeurs :

— On évalue à dix milliards l’or et les pierreries enfouis dans le temple Incatl.

— Dix milliards, grondèrent les assistants, dont les faces rougirent de convoitise.

Mais ils se turent subitement.

Deux nouveaux personnages venaient d’entrer dans le pavillon.

Tout de blanc vêtus, les visiteurs se montraient : le premier, blond, boitant horriblement et, à chaque pas, son corps déjetait de façon burlesque.

Son nez large, sa barbe courte et drue, ses lunettes