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m’attendent. Cent mille francs et les quelques économies que j’ai ce sera la fortune chez nous.

Kasper venait de toucher du doigt le bras d’Olivio. Celui-ci se retourna ; puis, à Martinez :

— Un instant.

Se reculant jusqu’à la muraille :

— Qu’y a-t-il ? demanda-t-il à voix basse.

— Un client, répondit sur le même ton le lieutenant, qui propose un rabais de vingt mille francs sur un achat de cent vingt mille.

— Diable !

— Seulement il retourne à la côte et devra s’arrêter à la Botearia de Teffé.

Un sourire ironique passa rapide sur les lèvres du señor de Avarca.

— Alors, consens à la diminution ; nous toucherons l’argent, et les diamants nous reviendront.

Kasper s’inclina et s’éloigna, tandis qu’Olivio reprenait la discussion avec Martinez, qui, lui aussi, devait s’arrêter dans l’homicide Botearia de Teffé.

— Écoutez, conclut bientôt le chef des compagnons du Poison Bleu. Je me laisse aller à mon bon cœur. Un garçon qui risque sa peau pour assurer une vieillesse heureuse à ses parents, cela ne se voit pas tous les jours. Va pour cent mille francs.

— Grâces vous soient rendues, señor !

— Vous plaît-il de toucher en espèces ou au moyen d’une traite sur notre banquier de Maranhao ?

— Une traite. C’est moins lourd, et cela risque moins de s’égarer pendant la navigation sur le fleuve.

Prenant un carnet à souche, Olivio établit le chèque, le passa à Martinez ; puis, rassemblant les diamants dont il était devenu acquéreur, les fit tomber, pêle-mêle dans un tiroir placé devant lui.

Olivio avait monopolisé tout le commerce des pierres précieuses de l’Amazonas et d’une partie du Matto Grosso. Nul n’achetait plus cher. Nul ne vendait meilleur marché.

Il pouvait opérer ainsi, sans crainte de se ruiner, car la Botearia de Teffé fonctionnait comme annexe de l’office de Amacenas. Diamants vendus, sommes