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— Señor Van Rotterdam ! appela à ce moment Kasper.

Un petit homme maigre, le teint jaune, la barbe en pointe, couvert d’un complet blanc, s’avança vivement :

— Me voici, digne monsieur Kasper. Avez-vous mon affaire ?

— Je le crois, señor Rotterdam, deux diamants d’une eau parfaite des gisements de San-Juan Olivarès.

— Et combien ?

— Soixante mille francs chaque.

Le petit homme leva les bras vers le ciel.

— Soixante mille ! Comment voulez-vous que je gagne ma vie, avec mes frais pour venir d’Europe, pour y retourner ?

— Vous y retournez de suite ?

— Oui, dès demain, je m’embarque pour Teffé, ma pirogue est retenue.

Kasper eut un sourire :

— Quel est votre prix, señor Van Rotterdam ?

— Eh bien, là ! je crois être raisonnable en mettant cinquante mille francs pièce.

Le lieutenant d’Olivio parut se consulter ; puis, baissant la voix :

— Vous êtes un client sérieux, señor ; c’est notre première affaire, et il est de bonne politique de vous satisfaire pour vous inviter à revenir. Je vais en référer au patron.

Et avec un coup d’œil d’intelligence, il se glissa auprès d’Olivio. Celui-ci disait à ce moment au gambusino avec lequel il traitait :

— Cent mille francs, mon digne Martinez, vous n’y songez pas ?

— Je ne songe qu’à cela, señor.

— Mais je ne puis payer pareille somme.

— Alors, n’en parlons plus. Je vendrai mes pierres à la côte.

Olivio tressaillit :

— À la côte ? Vous allez donc quitter le pays ?

— Et retourner en Espagne, où mes vieux parents