Ils devaient, selon l’opinion de Ça-Va-Bien, être des voyageurs fatigués, désireux de se reposer d’une longue journée de navigation.
Crabb et Candi cessèrent d’étreindre la poignée de corne de leurs couteaux.
Mais brusquement Jean fit halte comme si ses pieds se rivaient au sol.
— Je rêve, fit-il.
Un organe sonore venait de se faire entendre. Il disait :
— Pécaïre, mon bon, je me soucie de l’hôte comme un marsouin d’une olive. Je prends une chambre, je me couche, je me plonge dans le sommeil de l’innocence, puisque c’est le plus profond. Bonsoir, mes agnelets, bonsoir, hé donc !
— Massiliague, lui, murmura l’ingénieur ! Lui !
— Qu’est-ce ? interrogèrent anxieusement les bandits.
— Un ami, des amis, — car les chasseurs doivent l’accompagner, — qui nous rejoignent miraculeusement à l’heure où leur secours sera le bienvenu.
Sans écouter davantage ses compagnons, Jean se précipita dans l’osteria.
Il ne s’était pas trompé.
Au milieu de la salle commune, Scipion, Marius, Gairon et Pierre se tenaient debout assez étonnés en apparence de la solitude du lieu.
À l’apparition du jeune homme, ils eurent une même exclamation.
— Un Indien !
Ça-Va-Bien ne les entendit pas. Oubliant son déguisement qui le rendait méconnaissable, il courut à eux les mains tendues :
— Vous, vous !
Il s’arrêta en voyant la stupéfaction peinte sur leurs visages.
— Vous ne me reconnaissez pas :
Puis brusquement il comprit.
— Je suis Jean Ça-Va-Bien, déguisé pour circuler plus librement dans ce pays. Jean qui, à Manaos, a dû vous fausser compagnie.
— Sur l’ordre de Dolorès, sans doute, fit doulou-