L’ingénieur étendit le bras avec autorité.
— Si, car je le veux.
— Tou veux ? Il veut, Crabb !
— Au prix de sacrifices sans nombre, vous avez fait de moi un homme supérieur à vous-mêmes, reprit Jean d’une voix vibrante. Eh bien ! laissez-vous conduire. Obéissez-moi. Je vous enseignerai à employer au bien votre courage, votre énergie. Au lieu de haine, vous sèmerez l’affection. Dites, voulez-vous que je sois heureux, que je vous aime, que nous passions la vie sans nous quitter jamais ?
Les deux hommes l’étreignirent.
— Si nous voulons !
— Vous m’obéirez ?
— Sans répliquer.
— Alors, mes pères, je vous rends ce nom. Pour commencer, vous m’aiderez à protéger celle que j’accompagne, celle que votre mine du mont Pelé a faite orpheline.
— Diavolo !
— By devil (par le diable) !
— Ne craignez rien. Je lui ai dit votre dévouement à moi, et voyez la puissance d’une bonne action, elle a pardonné à vous seuls.
— Alors, elle a de l’affection pour toi.
Jean se sentit rougir, mais il domina son émotion et, froidement :
— Elle aime la justice. Elle a compris que vous n’étiez que des instruments dans la main d’un autre…
— Olivio ?
— Oui, Olivio, dont nous avons juré de tirer vengeance ?
Candi leva les mains au ciel.
— Tou as zouré, Juanito ?
— Certes.
— Eh bé, figlio mio, zé té lé livre à l’instant.
L’ingénieur eut un cri :
— Il est à l’osteria ?
— Oui.
— Seul ?