silague, atteint de la fièvre jaune, ne pouvait venir à bord ; que ses amis le soignaient, que les bagages desdits amis et du malade devraient leur être retournés dès la première escale.
L’officier avait ajouté la foi la plus entière à ce récit. Puis, saisi par la crainte que l’un des inexacts passagers se ravisât et vint apporter à son bord le microbe de la terrible maladie, il avait fait pousser les feux et avancer le départ.
Bientôt le steamer se balança sur la longue houle de l’Océan. Le port, les lumières, les feux d’atterrissage devinrent indistincts, semblèrent s’enfoncer dans le brouillard, disparurent enfin.
Jean et ses compagnes étaient délivrés des amis, dont la tendresse maladroite eût fait avorter leurs desseins. Et l’ingénieur regagna sa cabine en murmurant :
— Çà va bien, nous n’aurons plus désormais qu’à venger M. Roland et à sauver Mlle Ydna.
IX
COMME QUOI UN DRAPEAU JAUNI FAIT POUSSER DES NÈGRES
— Moussou, Moussou, Moussou !
— Pitit damo, pitit damo !
— Rigard’ Samo, li plus fort beaucoup payayeu di l’Amazone.
— Non, non, voir Tompi, li rapide davantage.
— Moussou, Moussou !
— Pitit damo !
Ces cris étaient proférés par une troupe de nègres Bonis, qui entouraient trois voyageurs : Jean, Stella et la prêtresse.