Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Bien, murmura Jean.

Et poussant devant lui Stella qui, curieuse, l’avait rejoint.

— Parlez-leur, mademoiselle, votre voix les effraiera moins que la mienne.

— Mistress Doodee ? fit doucement la jeune fille.

Les Anglaises tressaillirent, levèrent la tête.

— Pas un cri, ajouta vivement Mlle Roland, ce sont des amis qui ont résolu de vous sauver.

D’un même mouvement, les prisonnières furent debout.

L’ingénieur s’avança alors :

— Mesdames, ma sœur Stella et moi nous trouvions à bord du Madalena.

— Ah ! geignit Elena, alors vous savez ?…

— Tout. On ne lutte pas ouvertement contre l’erreur d’une population. La ruse seule le permet.

— Et quelle ruse puis-je ?…

— Vous ne pouviez rien vous-même, mais nous, nous pouvions. Si vous avez confiance en nous, il vous sera loisible de quitter l’hôtel ce soir, de prendre à la gare l’express de Parahyba. Dans ce dernier port, vous serez hors de l’État de Maranhao et n’aurez plus rien à craindre. À six heures du matin, c’est-à-dire avant que l’on se soit aperçu de votre disparition, vous y serez arrivées ; vous déciderez alors si vous continuez votre voyage par voie de mer ou par voie ferrée.

Les malheureuses femmes n’en pouvaient croire leurs oreilles. Elles joignaient les mains, bégayaient des phrases reconnaissantes. L’ingénieur coupa court à ces effusions.

— Écoutez. Vous allez vous faire apporter à dîner. Vous renoncerez que, très fatiguées par les émotions de la journée, vous vous couchez aussitôt après.

— Nous ferons ainsi.

— Après dîner, vous éteindrez toute lumière pour bien prouver la véracité de vos dires.