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les passagères dans l’équipage, les contraindre à marcher, stopper, courir, selon le bon plaisir d’un gradé ?

Elena et Mable grincèrent des dents à la pensée d’obtempérer à l’injonction du marin.

— Nous ne circulerons pas.

Et frappant du pied comme pour incruster leurs semelles dans le plancher, elles demeurèrent immobiles, telles des divinités Termes de fabrication saxonne. Le chef de leur escorte ne se démonta pas.

— À droite alignement !… Reposez… armes !… En place… repos ! commanda-t-il.

Ses subordonnés exécutèrent les divers mouvements avec une précision digne d’une parade devant l’amiral.

Puis les quatre fusiliers, le talon gauche sur l’alignement, le pied droit en avant, la main allongée sur la bretelle de l’arme, les yeux rivés sur les Anglaises, s’immobilisèrent à leur tour.

Exaspérée, Elena se remit en marche.

Aussitôt le peloton s’ébranla.

Elle s’arrêta de nouveau.

De nouveau les matelots firent halte.

Muets, sans gestes, leurs faces sillonnées de rides goguenardes, ces quatre persécuteurs, en service commandé, semblaient absolument décidés à rester les ombres de la ravissante mistress Doodee, de l’opulente miss Grâce.

On a beau être patient, l’insistance dans la taquinerie tourne à la torture.

Elena entrait en furie.

Mable, elle-même, bien que son poids ne lui permit pas de s’émouvoir aussi aisément, sentait une ire formidable gronder en elle.

— Le capitaine, où est le capitaine Armadas ? glapit enfin mistress Doodee d’une voix étranglée par l’indignation.

Le chef de l’escorte étendit la main vers tribord, où