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— Rien, Monseigneur.

D’Artin ricana :

— Cela ne me surprend pas. Le drôle, qui se fait appeler Denis Latrague, ne saurait soupçonner notre expédition.

Puis vivement :

— Que vos hommes me suivent. Une fois dans le parc, qu’ils se rapprochent de l’hôtel et surveillent bien toutes les issues. Une prime si nous réussissons. Dans le cas contraire, je jure que… je n’insiste pas, vous avez compris.

Sans s’occuper davantage du policier, le comte entraîna Denis vers la petite porte qui, une heure plus tôt, avait livré passage à Espérat.

Il ouvrit.

Avant d’entrer, il regarda en arrière. Une dizaine d’hommes étaient venus se ranger silencieusement sur ses talons.

Il hocha la tête avec satisfaction et pénétra dans le parc. Comme Espérat, il marcha vers la maison ; comme lui, il ouvrit un volet.

Les policiers avaient disparu, sauf deux, qui se tenaient à quelques pas du frère de Lucile et de son compagnon.

— Venez, ordonna le gentilhomme.

La petite troupe s’engagea dans la maison, gravit l’escalier et se trouva bientôt réunie sur le palier du second étage.

Là, d’Artin parut s’orienter :

— Il nous faudrait une lumière ; rien de charmant à contempler comme un traître surpris en plein sommeil.

— Si M. le comte voulait un falot, proposa l’un des argousins.

— Tu en as un ?

— Toujours, Monseigneur, pour les expéditions de nuit.

— Eh bien, allume.

Un instant plus tard, une petite lanterne répandait sur le groupe sa lumière rougeâtre.

— La chambre du coquin est la troisième dans le corridor.

La clarté douteuse du lumignon bien que vacillante, permit au comte de reconnaître la porte indiquée.

Denis curieux, les policiers impassibles, imitaient tous ses mouvements.

— Bon, fit-il encore, votre « suppléant », maître rebouteur, jouit sans remords de la chambre que je vous avais destinée. Il n’a même pas pris la peine de tirer la clef de la serrure.

Déjà, il avait la main sur la poignée :

— Entrons.