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de ceux qui ont fait de toi un homme de cœur, un être de loyauté.

Il y avait dans ces paroles une émotion communicative. L’Empereur gémissait sur ceux qui allaient mourir.

Sans un mot, les yeux pleins de larmes, Milhuitcent se dirigea vers la porte.

— Je garde Marc Vidal, lui cria Napoléon.

De la tête il fit signe qu’il avait compris et il sortit.

Le factionnaire salua le jeune homme d’un amical clignement d’yeux. C’était un grognard à la peau tannée, à la moustache striée de fils gris.

Comme tous les anciens, il connaissait le « petit ami » du général, et il l’aimait parce que le général l’aimait.

Milhuitcent marchait à présent dans la rue.

Partout des faisceaux, partout des soldats étendus à terre, la tête appuyée sur le sac. Les factionnaires gardant les armes, les sentinelles immobiles aux portes des officiers supérieurs le regardaient passer.