tant quelques pièces de monnaie au palefrenier, il s’avança vers la porte.
Au même instant, celle-ci tourna sur ses gonds et un jeune homme bondit dans la salle.
Drouot fit un pas en avant, mais une exclamation de l’Empereur arrêta le mouvement commencé :
— Espérat ! C’est toi, mon enfant ?
— Oui, Sire.
Dévotieusement, le jeune conspirateur mit un genou en terre et appuya ses lèvres ferventes sur la main que lui tendait Napoléon.
— Sire, dit-il enfin, je vous ai découvert en suivant à la piste le colonel anglais. Mais, pour vous parler, il fallait éloigner cet espion ; une chanson des pontons a suffi.
— Ah ! c’était toi le chanteur ?
— Moi, et un ami, un petit soldat de la campagne de France, qui entraîne Campbell au loin, et nous permet ainsi de décamper sans souhaiter le bonsoir à l’Anglais.
— Décamper, dis-tu ?
— Pour aller à Marciana, où vous êtes attendu.
— Par Marie-Louise, par mon fils ? acheva l’empereur d’un accent mal assuré.
Espérat eut un sursaut. Il secoua tristement la tête.
— Ce n’est pas eux, murmura sourdement l’exilé ?
— Hélas ! non, Sire.
— Qui donc alors ?
— Des dévoués au malheur.
— Mais encore ?
— Madame de Walewska et son enfant.
Il y eut un silence.