Sa diplomatie étant en défaut, il était, lui, par ricochet, par effet réflexe, d’une humeur de dogue.
Et comme la triste Lisbeth pleurnichait :
— Tardifs regrets, symbolisés par la violette Brunelle !
Il riposta, avec aigreur :
— Tais-toi donc. Je ne m’entends pas penser.
— Oh ! papa, tu me rudoies.
— Tu me fais bouillir d’impatience.
— Balsamine, susurra-t-elle d’un accent navré.
Cette fois, M. Fleck piétina. Il glapit :
— Assez de fleurs ! assez de fleurs !
Et secouant Niclauss, qui le considérait d’un air engourdi :
— Dites-lui donc que ses gémissements ne changeront rien. Ce qu’il faut, c’est prendre une résolution, c’est…
— Oh l’interrompit niaisement Niclauss, je prendrais toutes les résolutions que vous voudriez, si seulement vous m’en indiquiez une.
— Précisément, je cherche.
— Eh bien, continuez, mais ne me bousculez pas comme cela. Quand vous aurez déchiré la manche de mon veston, je ne crois pas que cela nous aide beaucoup à sortir de l’impasse où vous nous avez poussés.
Le visage de Fleck devint écarlate :
— C’est cela ? Accusez-moi ! C’est moi qui vous ai…
— Naturellement, c’est vous. Mademoiselle Lisbeth, je vous prends à témoin. N’est-ce pas votre père qui nous a entraînés dans cette sotte affaire ?
La blonde fille d’Allemagne fit trêve de ses larmes.
— Ce n’est pas mon père.
— Comment ? ce n’est pas lui ?
— Non, c’est mon timide sentiment qui est cause de tout ! Oh ! pourquoi n’ai-je pas caché ma tendre espérance de mariage ? Pourquoi ai-je présenté à papa le bouquet emblématique de bluets et de coltanias, timidité, sentiment ?
Niclauss tourna le dos, mâchonnant entre ses dents, rageur et hypocrite :
— Décidément, ce n’est pas une femme… c’est un vrai marché aux fleurs !