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— Oui. J’ai pu sauver sa tête un jour… et par reconnaissance…

— C’est cela, je comprends. Le chef des gens du pays savait ton vœu imprudent, il pouvait dire au sacrificateur Oraï que ton cousin Albin n’ignore plus rien de ce vœu.

Daalia baissa la tête, la nuit empêchant de distinguer sa rougeur.

— Oui, fit-elle d’une voix mal assurée.

— Hélas ! petite hirondelle d’onyx rose, pourquoi n’as-tu pas attendu pour lui révéler le secret.

— Ce n’est pas elle qui a parlé, intervint vivement Albin, c’est Moralès.

— Ah !

Un instant la vieille demeura immobile, sa tête oscillant sur ses épaules d’un mouvement régulier. Enfin, elle reprit :

— Antonio savait tout cela sans doute. Il a voulu faire disparaître tous ceux qui auraient pu avertir Oraï. Pour cela, il a poignardé Nicliam, la traîtresse employée de ton père ; puis il a envoyé Moralès et sa troupe en un point où, sur ses avis, les Américains avaient préparé une embuscade.

— Eh bien ?

— Eh bien, il y a une place pour l’imprévu.

— Qu’appelles-tu l’imprévu ?

— Avant de frapper Nicliam, Antonio lui avait révélé le pourquoi de son crime. Il lui avait dit : Tu as voulu perdre ta jeune maîtresse, je la sauverai, moi ; et tous ceux qui la pourraient tourmenter mourront.

— Comment as-tu appris ?…

— L’imprévu, ma chère fleur, l’imprévu. Il frappa, crut Nicliam morte et s’enfuit. Nicliam n’était que mortellement blessée. Or, elle avait reçu en sa maison Oraï, auquel elle mentait, car elle était toute dévouée à Moralès. Oraï rentra, la trouva évanouie, la ranima, et, avant de rendre le dernier soupir, la méchante créature eut le temps d’informer le sacrificateur que le serment de M’Prahu était connu de ton cousin.

— Oh ! la misérable.

— Dès lors,. Oraï doit te saisir, te ramener à Sumatra, t’immoler sur les sanglants autels du dieu.

Un silence glacial succédât à ces paroles.