Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/370

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cette fois, Daalia resta sans voix. 

Une horreur l’étreignait à la gorge. Quoi ? Mourir ? Mourir alors que les épreuves avaient fait ressortir le courage, la bonne humeur, les qualités aimables de son cousin Albin !… Alors surtout que (Rana n’avait pas pu lui taire les incidents de Batavia) elle se savait chère au jeune Français !

Et comme les idées en désordre tourbillonnaient dans sa tête, Moralès frappa derechef dans ses mains.

Le claquement sec des paumes l’une contre l’autre inquiéta la captive. Elle promena autour d’elle un regard inquiet, et soudain, ses yeux devinrent fixes, son corps svelte se figea en une attitude raide, tout son être exprima la stupéfaction.

Une porte venait de tourner sur ses gonds avec un bruissement léger, et Albin bâillonné, garrotté, poussé par Antonio, pénétrait dans la salle.

— Lui, prononça-t-elle d’une voix étranglée !

— Lui-même, appuya le chef des rebelles. Lui, qui a entendu toute notre conversation. Lui qui connaît votre vœu mystérieux.

Il y eut un silence consterné.

La foudre tombant aux pieds des jeunes gens, employés l’un contre l’autre par le rusé Philippin, ne les eût pas stupéfiés davantage que cette mise en présence soudaine.

Moralès, lui, conservait tout son calme.

— Enlève le bâillon, Antonio.

D’un mouvement brusque, le métis débarrassa Gravelotte du foulard de soie qui comprimait ses lèvres.

— Mademoiselle, vous ! vous ! Vous retrouver ainsi, balbutia Albin.

Mais il se tut, Daalia marchait vers lui.

Elle s’arrêta à un pas, appliqua d’un geste confiant ses mains fuselées sur les épaules du jeune homme, et doucement :

— Votre âme m’appartient ?

— Oh ! fit-il avec ferveur, elle vous appartient toute.

Un nuage rose couvrit les joues de Mlle Gravelotte. Son cœur avait précipité ses battements. Il y avait en elle une émotion profonde.

— Vous avez entendu ce que m’a dit cet homme ?

Elle désignait Moralès.