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gérant paraissait, tenant par la main la jeune Lisbeth Fleck, laquelle promenait autour d’elle un regard curieux et étonné.

Tout en l’entretenant à voix basse, l’industriel la conduisit jusqu’à la voiture.

– Comment, il faut que je monte ? demanda-t-elle.

– Cinq minutes seulement…

– Et vous serez ravie de la surprise, fit un policier en s’avançant, car précisément vous tombez sur un numéro de valeur.

Elle eut un mouvement de recul, mais le personnage se découvrant :

– Nous sommes administrateurs de la caisse des surprises, mademoiselle. Nous vous conduisons à deux pas et vous ramenons. Je suis certain que vous serez véritablement surprise.

Elle hésitait encore.

Avec une galante violence, les policiers la firent entrer dans la voiture, y prirent place non sans un adieu furtif au gérant, et le cocher, stylé sans doute, enleva son cheval d’un vigoureux coup de fouet. Alors, les compagnons de Lisbeth la saisirent chacun par une main. Celui qui avait pris le titre de commissaire de police lui dit :

– Un geste, un cri, et vous êtes morte.

– Morte ? répéta-t-elle, terrifiée.

– Complètement, mademoiselle. Si, au contraire, vous demeurez calme, si vous renoncez à nous échapper, vous ne courrez aucun danger autre qu’une captivité d’environ deux heures.

Elle interrogeait de ses yeux bleus.

– Votre père, mademoiselle, se propose de voler, une fortune.

— Allons donc, essaya-t-elle de protester.

– Inutile de nier. La fortune se monte à la somme de dix millions ; elle est déposée à la Société Générale au nom d’un planteur de Sumatra… 

L’infortunée Allemande rougit jusqu’aux oreilles. Elle s’avouait vaincue.

– Bien, reprit le personnage, vous sentez l’impossibilité de la lutte. Nous voulons mettre votre père hors d’état de réaliser ses projets. Maintenant, silence et obéissance.