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voiles n’eussent pas ému la blonde fille de Fleck.

Les Américaines, tout comme les Américains sont fanatiques des voyages. Leur race est globe-trotter, leur nature est de déambuler et l’on ne s’étonne point de les rencontrer toujours à six mille kilomètres de leur résidence.

Mais, à Java, et surtout sur la côte sud, dans le sultanat indépendant de Djokjokarta, les citoyennes des États-Unis sont rares.

Aussi l’attelage aperçu intéressa vivement Lisbeth.

Elle se leva, s’accouda à la fenêtre, suivit le véhicule des yeux.

Les poneys galopaient bon train. Ils longèrent l’enceinte de la Résidence sans ralentir leur allure, puis se jetèrent dans la large avenue du Kraton.

Toujours au galop, ils la parcoururent et Lisbeth constata avec surprise que les portes du palais s’ouvraient devant eux.

La Cité du Sultan, ainsi que se dénomme le palais, est cependant une véritable Cité Interdite. Pour y pénétrer, il faut une autorisation spéciale, dont le Sultan se montre très avare. Les hauts fonctionnaires coloniaux hollandais, des voyageurs de sang royal, sont seuls admis à en franchir l’enceinte.

Que signifiait l’exception que Lisbeth venait de constater ? Oraï, le Soumhadryen, semblait donner le mot de l’énigme… Qui pouvait-il accompagner, sinon Daalia et une suivante, se cachant sous les voiles bleus.

Mais oui, c’était cela. La jeune personne aux huit épreuves venait elle-même donner ses instructions à Darnaïl.

Lisbeth tressauta en entendant frapper à sa porte. Elle courut ouvrir.

Fleck, Niclauss, parurent, animés…

Ils aperçurent la chaise longue auprès de la fenêtre.

— Tu étais là ?

— Oui, fit-elle.

— Tu n’as pas remarqué une voiture ?…

— Avec des Américaines, continua Niclauss.

Le cœur de la blonde enfant se serra. Eux aussi avaient vu. Cependant elle répliqua :

— Si, en effet.

— Et tu as constaté qu’elle prenait le chemin…

— Du Kraton, oui, père.