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Elle se vit hissée dans le véhicule, peut-être un peu brusquement.

Niclauss fut jeté à côté d’elle par l’impatient Fleck.

Ce dernier lui-même allait prendre place, quand, dans un nuage de poussière, un char léger, ombragé d’un parasol bleu et argent, attelé de quatre chevaux aux harnais de mêmes couleurs, stoppa devant le corps de garde.

— Passage, lança, d’une voix autoritaire, une jolie indigène qui s’y prélassait.

Elle tendait en même temps un papier au chef des gardes.

— À quel titre ?

— Darnaïl, bayadère du très haut Sultan, et négociante en sa bonne ville de Djokjokarta.

— Darnaïl, répéta Fleck s’élançant vers celle qui venait de parler. 

Niclauss et Lisbeth s’étaient levés, mus par des sentiments bien différents : espoir chez l’un, mécontentement chez l’autre.

Cependant, Fleck, le chapeau à la main, s’adressait à la bayadère.

— Votre nom est Darnaïl, belle dame ?

Elle eut un éclat de rire joyeux. Toute Malaise, à qui un blanc parle en ces termes, éprouve une intense satisfaction d’amour-propre. Aussi répondit-elle gracieusement :

— Oui, seigneur, Darnaïl, danseuse du très haut et très puissant Ratifatolah IX, de par la naissance et la protection de la Hollande, Sultan de Djokjokarta, avec les titres vénérés de Pangheran-Adiepatie-Sourio !

— Et vous êtes seule à porter ce nom parmi les bayadères ?

— Sans doute.

— Bravo ! vous êtes celle que je cherche. Une dernière question. Vous connaissez M. François Gravelotte, de Sumatra ?

De nouveau, l’indigène se prit à rire :

— C’est lui qui m’a envoyée ici. C’est pour lui que j’exploite en ville un magasin de poteries, épices, conserves et vins.

— Vous êtes sa troisième femme ?

La surprise la plus profonde se peignit sur les traits de la jeune femme.