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Albin se tordit les mains.

— Ne plus la revoir, c’est impossible.

— Bon, consentit philosophiquement son interlocuteur. Il est nécessaire à ton bonheur de revoir ces dames. C’est le moment de te souvenir de notre vieil adage : « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. »

— Tu m’ennuies avec ta patience, rugit Albin en se débattant.

Mais, placide, Morlaix continua :

— Notre équipage va venir nous prendre.

— Et après ?

— Pas après, cher ami, mais avant, informons-nous de la direction prise par nos voiles bleus. Quand on envoie quérir un véhicule, il est d’usage d’informer le cocher de la direction à prendre, de la distance à parcourir.

La fin de la phrase se perdit dans le vide.

Gravelotte n’était plus là. Il s’était précipité vers le bureau de renseignements où, nonobstant l’heure matinale, un employé en sarong de soie trônait majestueusement.

— Deux dames américaines, voiles bleus, cache-poussière gris, accompagnées d’un gentleman, quittent l’hôtel à l’instant.

À cette affirmation du Français, l’homme au sarong répliqua :

— Parfaitement.

— Où se font-elles conduire ?

Une seconde, le personnage hésita, mais prenant bientôt son parti :

— Elles n’ont pas recommandé le secret. La maison peut donc donner tous les renseignements désirables.

— C’est-à-dire ?

— Qu’elles se dirigent vers l’État libre du sultan de Djokjokarta, leur voiture les menant au premier relais.

— Djokjokarta !

Ce cri échappa à Albin. Cri d’allégresse, cri de gratitude à la providence internationale, qui inspirait aux citoyennes des United States of America de suivre la route que lui-même se proposait de suivre.