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— Êtes-vous prêtes ? demanda le sacrificateur.

Et comme elles ne répondaient pas, il frappa dans ses mains.

Aussitôt, des serviteurs malais entrèrent, se partagèrent les bagages et se retirèrent, contraignant ainsi les Anglaises à les suivre, afin tout au moins de surveiller leurs colis.

Sans qu’elles y prissent garde, tant était grande leur stupéfaction, Oraï leur jeta sur les épaules des cache-poussière, et les entraîna dans le couloir.

Étourdies de l’aventure, — on le serait à moins, — Eléna et Mable se laissèrent conduire.

À une allure précipitée, elles traversèrent le jardin, le vestibule.

Devant le perron, une voiture, attelée de deux poneys, attendait. Oraï les y jeta bien plus qu’il ne les y fit monter. Lui-même sauta sur le siège d’arrière, tandis que le cocher, sans doute stylé d’avance, lançait l’attelage à toute bride vers la sortie.

Au moment où l’équipage franchissait la grille avec la rapidité de l’ouragan, des cris retentirent en arrière.

Dans l’espace d’un éclair, Eléna entrevit confusément un homme, les bras étendus, appelant du haut du perron, mais le véhicule tourna ; des massifs cachèrent la vision, et, dans une course vertigineuse, l’Anglaise se sentit emporter à travers le labyrinthe fleuri de la ville.

Au surplus, eût-elle pu considérer longuement le personnage aperçu, qu’elle ne l’aurait point reconnu pour cela, par la raison simple et péremptoire que jamais encore elle ne l’avait rencontré.

Cet homme n’était autre qu’Albin Gravelotte.

Toute la nuit, il avait veillé devant sa fenêtre. Vers quatre heures, vaincu par la fatigue, il s’était endormi.

À cinq heures, des secousses répétées l’avaient arraché a ce somme réparateur. Morlaix était auprès de lui.

— Secoue-toi, Albin. Ton cousin Niclauss et ses amis viennent de quitter l’hôtel, en route pour Djokjokarta, où ils comptent escamoter Darnaïl, la troisième fiancée de l’oncle François.