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Eléna secoua désespérément la tête :

— Je serais tentée de le croire.

— Oh ! moi, je le crois tout à fait complètement.

— Seulement, ici, la situation est claire. Si nous cédons, nous en serons quittes pour un simple déplacement. Après tout, nous voyageons pour visiter les pays exotiques. Les visiter seules ou en compagnie d’un agent hollandais…

— Cela est même préférable, s’écria Grace, prise par le raisonnement de sa maîtresse.

— Donc…

— Résignons-nous.

Et d’un même mouvement, avec une précision toute britannique, un pied sortit des couvertures de chacune des couchettes. Petit, fin, cambré, était celui qui jaillissait du lit d’Eléna ; lourd, long gras, celui qui se glissait hors de la couche de la demoiselle de compagnie.

En les voyant, on comprenait la physionomie si différente des quatre souliers féminins qui se dressaient toujours, tels des factionnaires fidèles, à la porte de la chambre occupée par les Anglaises. 

Elles se vêtirent, se hâtant, suivant le conseil du faux officier, des douanes. Tout en procédant à leur toilette, elles s’évertuaient à chercher quel motif les avait pu faire considérer comme suspectes par le gouvernement colonial de Java.

Naturellement, elles ne découvrirent rien.

On ne saurait en induire qu’elles manquaient de perspicacité. Les voyageuses ne pouvaient évidemment deviner qu’elles allaient être employées à entraîner Albin Gravelotte loin de Batavia, afin de dérouter la sympathie naissante du jeune homme, et d’épargner à Daalia les conséquences funestes d’un vœu imprudent à M’Prahu.

Comme on le voit, Eléna rencontrait un quatre centième postulant au mariage, mais, celui-là, elle ne l’attachait à son char que par procuration.

Deux cris se croisèrent.

Pépiement d’oiselet de la part de Mrs. Doodee, gloussement de cobaye (vulgo, cochon d’Inde) de celle de Mable Grace.

Les deux femmes, ayant voulu coiffer leurs cha-