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vernement néerlandais n’admet dans ses colonies que les étrangers porteurs de lettres de recommandation de citoyens hollandais honorablement connus. Vous déclarez vous-même ne posséder rien de semblable.

— Nous ne savions pas, balbutia Mable.

Le fonctionnaire leva la main.

— C’est la réponse habituelle en pareil cas ; mais le législateur l’a prévue, réduite à néant par cette formule lapidaire : tout être humain est réputé connaître la loi.

Du coup, Eléna se décida à intervenir.

Après tout, un représentant de la force publique peut être ennuyeux, mais (oh ! combien !) il est préférable aux malfaiteurs, et ne saurait être confondu avec un membre de l’association trop active des cambrioleurs.

Le voleur rend dangereux les lieux où il opère, tandis que l’on peut seulement reprocher à l’agent de la loi une tendance trop marquée à conduire le citoyen paisible en des lieux de sûreté, dûment verrouillés et cadenassés.

Cette pensée rapide restitua à la blonde Anglaise une large part de vaillance.

— Que se passe-t-il donc ? prononça-t-elle avec la morgue la plus aristocratique qu’elle pût tirer de ses couvertures, et pourquoi se permet-on l’inconvenabilité de troubler ma personne, alors que, dans le lit, je repose ?

— Nous sommes suspectes au gouvernement des Indes Néerlandaises, glapit Mable.

Quant à l’officier des douanes, il tourna vers la voyageuse un visage dans lequel Albin, s’il avait assisté à la scène, aurait reconnu sans difficulté celui du sacrificateur Oraï.

Le prêtre s’était rendu au magasin d’habillement du corps des douaniers, et, sur justification de son identité, avait obtenu, contre espèces, l’uniforme dont il était revêtu.

— Suspectes ? répéta Eléna sans comprendre.

Ce fut Oraï qui répliqua en s’inclinant :

— Oui, lady.

— Comment, suspecte, moi, mistress Doodee !