que celles des États-Unis se sont prononcées pour la voilette azurée.
Dans le couloir, le nocturne péripatéticien se heurta à une ombre.
— C’est toi, Rana ?
— Oui, Oraï. As-tu réussi ?
— J’ai les chapeaux.
— Et les Anglaises ?
— Elles dorment. À l’aube, je me présenterai chez elles, en officier de la douane néerlandaise, et je les déciderai au départ.
— Oraï, tu es bon comme M’Prahu lui-même.
Le sacrificateur secoua la tête.
— Non, fit-il, je m’efforce de sauver cette enfant. Elle est fille d’une Batta, Myria-Outan l’aime comme son sang. Sa mort jetterait un voile sur nos autels.
— Tu es bon, te dis-je. Mais que comptes-tu faire ?
— Dépister ce jeune homme.
— Comment ?
— Écoute, Rana. Il ne sait point encore la vérité… c’est vrai ; pourtant, un rien la lui peut faire découvrir.
— Hélas !
— Le mal dont souffre Daalia nous immobilise pour plusieurs jours. Impossible de fuir. Il faut donc que ce soit lui qui parte.
— Comment l’y décider ?
— Par la ruse. Ces étrangères, nos voisines, me serviront à l’entraîner loin d’ici. Toi, tu resteras au chevet de ta jeune maîtresse, et quand la santé lui sera revenue, tu l’emmèneras à Manille, là, où celui qui lui a donné son âme sans la connaître, doit la rencontrer sous l’apparence de la quatrième fiancée du seigneur Gravelotte.
— La quatrième ?…
— Oui.
— Et qui jouera la troisième ?
— Ne t’inquiète pas. Ceci me regarde. Darnaïl sera bien stylée.
Cependant, mistress Eléna Doodee, rassurée par le silence, sortait peu à peu sa tête des couvertures où elle l’avait enfouie.