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Le Malais brandissait une lame, semblait chercher en quel endroit il percerait la poitrine du malheureux fiancé de Lisbeth.

Soudain, il la darda violemment.

Niclauss eut un cri d’épouvante, auquel répondit un formidable éclat de rire.

Il n’avait pas été touché. Avec l’adresse habituelle de sa race, le Batta avait arrêté le fer à deux pouces de l’épiderme du supplicié.

— Vous n’avez rien à redouter, restez donc calme, clama Fleck. Voilà déjà que vous marquez une faute comme votre concurrent.

À cet appel, l’Allemand retrouva quelque sang-froid.

Il ne bougea plus, se contraignant au mutisme.

Ses tourmenteurs s’ingénièrent en vain. Lances, kriss, sabres, tourbillonnèrent autour de son front, menacèrent son épigastre.

Très pâle, très ému au fond, il trouva la force nécessaire pour ne pas marquer son angoisse.

Fleck l’encourageait du geste et de la voix.

L’épreuve allait prendre fin, restant indécise, puisque chacun des concurrent avait à son actif une faute.

Sur le seuil du temple, à demi cachée derrière les statues des dieux, Daalia se tordait les mains.

— Ran, Rana, soupira-t-elle, tout est perdu.

À sa voix, son pseudo-père tressaillit.

— Non, petit Colibri d’azur.

— Pourtant, vois, les tourmenteurs se fatiguent.

— Cela est vrai, mais je suis là, moi.

Et comme la jeune fille l’interrogeait du regard :

— Demeure ici, et laisse-moi faire.

Ce disant, la nourrice s’élançait au dehors.

Clopinant, avec l’allure falote d’un vieillard qu’elle était censée représenter, elle marcha vers le patient. 

Celui-ci la vit et une vague inquiétude le saisit.

C’est qu’elle apparaissait inquiétante et sybilline, la vieille Malaise jouant, avec une gravité impitoyable, son rôle d’antique guerrier.

Les danseurs avaient fait halte. Les spectateurs écarquillaient les yeux.