Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mette lui-même n’aurait point reconnu M. Defrance, grimé merveilleusement par son nouvel ami.

Au dehors, ils se séparèrent. M. Defrance se dirigea vers l’embarcadère des ferry-boats (bacs) reliant l’Hudson-River à l’East-River, tandis que Dick Fann gagnait l’office des transatlantiques.

Une boutique blanche ornée de filets bleus. À l’intérieur, une sorte de comptoir, isolant les employés du public, et surmonté d’un grillage percé de guichets dont les inscriptions annonçaient la destination.

Sans hésitation, le jeune homme s’approcha du guichet affecté aux « Passages ». Au scribe embusqué en arrière, il dit :

— Je désire retenir une cabine sur la Touraine

— Oh ! rien de plus facile. Elle ne partira pas avant une semaine. Vous auriez avantage à prendre la Savoie, qui quittera New-York demain.

— Non, je préfère la Touraine. Je retiens la cabine no 16. J’y ferai porter mes bagages dès ce soir.

L’agent avait attiré devant lui un gros registre et le feuilletait…

— Ah ! fit-il soudain, la cabine 16 est déjà louée.

En dépit de son flegme, Dick Fann sursauta à l’audition de ces paroles.

— Louée ?

— Oui, mais il en reste d’autres…

— C’est la 16 que je suis chargé de retenir, expliqua aussitôt le détective qui avait repris son sang-froid… ; mon client est fort superstitieux, et je crois qu’il attache une importance capitale au nombre indiqué.

L’employé daigna sourire, en esprit fort, ayant cependant une certaine déférence pour les superstitions des passagers de première classe.

Dick riposta par un sourire d’intelligence, et baissant la voix :

— Puis-je vous demander à quel nom est portée la cabine ?

— Ce n’est pas l’usage…

— Je le sais bien. Mais mon client et le vôtre pourraient s’entendre, peut-être.

All right ! Je comprends votre pensée. Et comme, après tout, le premier désir de la compagnie est de satisfaire le plus grand nombre de voyageurs possible… je vous mets le registre sous les yeux.

Et poussant l’énorme in-folio devant Dick, l’agent lui permit de lire :