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dirent, rugirent les hip ! hip ! hourrah ! de l’enthousiasme.

Et seulement vers six heures du soir, Fleuriane, brisée, assourdie, se retrouva dans l’appartement du Central-Hôtel que, suivant les instructions de Dick Fann, elle avait retenu la veille par sans-fil.

Renvoyant Patorne, absolument affolée par la gloire (ainsi prononçait-elle) de son fiancé Larmette et rendue par ce sentiment bavarde ainsi qu’une perruche, la jeune fille se laissa tomber dans un fauteuil et se prit à rêver.

Soudain, on frappa à la porte. Comme au sortir d’un songe, elle murmura :

— Entrez !

Sur le seuil parurent deux hommes chargés d’une civière, sur laquelle se prélassait Jean Brot. Un garçon de l’hôtel les accompagnait

— Quelle chambre de l’appartement est réservée au boy ? demanda celui-ci.

Fleuriane donna l’indication demandée.

Quelques instants s’écoulèrent, puis les porteurs et le serviteur regagnèrent la sortie sans saluer, avec ce mépris de la politesse affecté par les populations d’Amérique du Nord.

La Canadienne ne bougea pas. Elle avait hâte d’être seule et de se replonger dans ses réflexions. Mais il était écrit que ce plaisir ne lui serait pas permis. Le silence à peine rétabli, un pas léger glissa sur le tapis.

— Qu’est-ce encore ?

C’est Jean Brot, parfaitement ingambe, qui a quitté sa chambre et qui, le sourire aux lèvres, lui présente une enveloppe. Elle y jette les yeux.

« À Miss Fleuriane Defrance. »

Son cœur se met à battre avec violence.

— C’est de sir Dick, balbutie-t-elle, tandis qu’une rougeur ardente envahit son visage.

Elle demande encore :

— Vous l’avez vu ?

— Non, répond le gamin, un ordre écrit m’est arrivé, il y a une heure, à bord de la Touraine. J’ai obéi. Je ne sais rien de plus.

Fleuriane ouvre la lettre. Sa main tremble en déchi-