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à terre et s’approchait de la Botera. Jean, Mme  Patorne, Fleuriane elle-même l’imitèrent. Et tous, silencieux, regardèrent Frachay. Celui-ci, avec la gravité d’un médecin auscultant son malade, passait l’inspection des organes de l’automobile en panne.

Le moteur, le carburateur, les transmissions furent successivement l’objet de son examen. Enfin, il eut une brève exclamation.

— Bon ! ce n’est rien… un simple écrou qui a « sauté ».

Et, fouillant dans la sacoche de sa propre voiture, il en tira un écrou de cuivre, le fixa lui-même, puis, ce travail achevé :

— Vous pouvez repartir, messieurs.

Avec une inflexion de voix où Fleuriane put discerner une ironie voilée, il acheva :

— Comme vous le disiez, monsieur, vous étiez très nerveux. Sans cela, vous auriez, du premier coup d’œil, reconnu le léger accident qui empêchait la transmission.

Mais Larmette ne fut pas de cet avis. Il se confondit en remerciements, offrit des fleurs à la jolie Canadienne et à sa dame de compagnie, glissa la pièce à Jean, qui l’empocha sans protester. Il voulut agir de même avec Frachay, celui-ci s’en défendit :

— Non, monsieur, cela ne vaut vraiment pas la peine. Un mécanicien qui se respecte ne fait pas payer un coup de main.

— Alors, murmura gracieusement le joaillier, laissez-moi vous serrer la main en question, et veuillez accepter un cigare… ceci ne se refuse pas.

Les deux hommes échangèrent une étreinte, et Frachay remonta au volant de sa machine, ayant aux lèvres un cigare à la fumée odorante.

Comme il l’avait annoncé, la Botera s’ébranla dès que lui-même se fut mis en marche et, jusqu’au Havre, les voyageurs de la de Dion purent voir l’automobile adverse rouler dans leur sillage à faible distance.

La de Dion conduisit Fleuriane, Jean et Mme  Patorne à l’hôtel Frascati, le paquebot Touraine, sur lequel les voyageurs devaient prendre passage, ne partant que le surlendemain. La Botera déposa Larmette au même hôtel.

Frachay mena alors son automobile à la tente des transatlantiques, où il apprit que l’embarquement