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détours, je l’eusse certainement éventé… Son acolyte s’est arrêté au contrôle des billets. Il a jugé inutile d’aller plus loin… On n’est jamais bien servi que par soi-même. Allons… il me reste encore à préparer le départ de Dick Fann.

Quelques mouvements rapides, et le paletot redevenu gris, le chapeau beige, la perruque et les lunettes ayant disparu, sir Braddy réapparut sous les espèces du détective.

Un employé courut le long du convoi, clamant avec ces inflexions harmonieuses que les agents des compagnies semblent avoir apprises dans un conservatoire de musique… rugie. Alors, Dick, s’adressant à son voisin, questionna :

— Ce train s’arrête bien à Amiens ?

— Mais non, monsieur, lui fut-il répondu. Service anglais. Direct jusqu’à Abbeville… Pour Amiens, c’est le train voisin, qui part dix minutes plus tard.

De vagues remerciements, et l’Anglais empoigna sa valise, descendit à contre-voie, passant de son convoi dans le train formé sur la ligne toute proche. Cent voyageurs font ainsi chaque jour, le mouvement ne pouvait étonner personne.

Et quand le rapide service anglais eut sifflé, soufflé un panache de fumée, Davisse, bien certain que son « voyageur » avait quitté Paris, alluma un cigare et s’en fut, les mains dans les poches, sans supposer qu’à la minute même Dick Fann, sortant de la gare par les « Bagages », s’installait dans une voiture qui le ramenait rue Juliette-Lamber.

Le lendemain, la scène se renouvela, Davisse suivant le détective au train de deux heures trente du matin. Seulement, cette fois, Dick Fann s’éloigna réellement de Paris avec le convoi où il avait pris place. Mais, une fois en marche, on eût pu entendre le défenseur de Fleuriane murmurer :

— Dépisté, Larmette… À présent, il faut sauver cette jeune fille !