Un nouveau déclic. Le judas venait de se refermer. Les criminels restaient seuls dans cette atmosphère qui, déjà, leur semblait saturée de radium, Cinq minutes, dix minutes passèrent lentement.
Muller balbutia :
— Oh ! sens-tu une sorte de chatouillement par tout le corps ?
— Oui, mille diables ! je le sens, rugit le joaillier ; c’est le commencement de l’action du radium.
Les dents du complice de Larmette claquèrent de terreur, et le misérable se prit à appeler :
— Au secours ! À moi ! Interrogez, je répondrai, je dirai tout ce que vous voudrez !
Un silence de tombe succéda au vacarme des appels.
Quelques minutes encore s’écoulèrent ainsi. Ce n’était plus un chatouillement que ressentaient les prisonniers, mais une multitude de picotements, non encore très douloureux, pourtant pénibles.
La détente du ressort du judas les rappela à eux-mêmes, leur arrachant un cri d’effroi.
— Êtes-vous disposés aux aveux ? demanda l’organe de Dick Fann.
Définitivement vaincus, ils gémirent :
— Oui !
Une série de glissements légers bourdonnèrent à leurs oreilles. Du dehors, on actionnait les plaques isolantes des armoires à radium.
Puis, brusquement, la porte, les contrevents s’ouvrirent. Un flot de lumière pénétra dans la salle.
Mais avant que les criminels eussent eu le temps de se reconnaître, des hommes, en tête desquels marchaient le détective amateur et le petit Jean, avaient fait irruption dans la pièce ; Larmette, Muller, les menottes aux poignets, se sentaient entraînés au rez-de-chaussée, où des chaises, une petite table, semblaient disposées à l’avance.
Ce n’était pas par hasard que Dick et le petit Jean s’étaient fait embaucher à l’usine des films cinématographiques sous le nom de M. et Mme Davray.
Non plus par hasard qu’ils avaient accepté les gardes de nuit.
La garde de nuit les obligeait à des rondes avec le gardien-chef, ou concierge de l’établissement. Celui-ci, bientôt rassuré par la ponctualité de ses aides, s’en remit à eux du soin de parcourir les ateliers de trois heures en trois heures et de déposer les jetons dans les boîtes de contrôle.