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— Pour m’attirer, il faut que je croie pouvoir pénétrer dans la maison du radium sans être surpris. La nuit est évidemment le moment le plus favorable. Si donc, s’est dit Larmette, Dick Fann croit la maison vide pendant la nuit, il ne pourra résister à l’envie de se glisser dans notre cachette. Il se trahira. Si je m’introduis dans la maison de Larmette, il ne le saura que s’il est en posture de me voir, de me surveiller.

— Eh bien ?

— Il y a en face une chambre à louer, une chambre délicieuse, dans laquelle on peut pénétrer incognito par le bois, et tu veux qu’un gaillard comme ce coquin reste insensible à de tels avantages ?

Ah ! Jean s’appliqua sur la tête une vigoureuse calotte. Vite, il rajusta le chignon faisant partie de son déguisement féminin.

— C’est vrai. C’est vrai. Clair comme de l’eau de roche.

Et interrogatif :

— Alors ?

— Alors, Muller va quitter la maison bien ostensiblement. Par un circuit, il rejoindra Larmette dans la chambre louée.

— Et ils nous guetteront. Seulement, comme nous sommes prévenus, ils en seront pour leurs frais.

Lentement, Dick Fann hocha la tête.

— Tu te trompes, petit. Il faut qu’ils nous voient. Sans cela, je te demande comment nous pourrions les prendre en flagrant délit ?

Et, arrêtant les questions de l’enfant profondément intrigué :

— Il est temps de rentrer à l’atelier. Travaille bien, Rosa, acheva-t-il en riant. Je crois que c’est notre dernière séance de films.

. . . . .

La nuit. Les globes électriques des avenues brillaient à travers les feuillages du bois de Vincennes, qui serait le rival du bois de Boulogne, si le hasard ne l’avait placé à l’est de Paris, c’est-à-dire du côté dont s’éloignent les élégances.

Un homme marchait vite dans une allée parallèle à l’avenue du Polygone. Bientôt, il arriva à la hauteur de la rue latérale aboutissant à la place plantée d’arbres près de l’usine.

Il la dépassa d’environ deux cents mètres. Alors il se rapprocha de l’avenue. Restant dans l’ombre de la futaie, il examina prudemment la route, vio-