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des Nobles Barines. Tu remettras ce papier à Argata Gratamoff, à elle-même, tu m’entends ? Il faut que tu la voies en personne. Elle aura à envoyer de suite un mot au Kremlin. Tâche d’être chargé de ce soin. Au Kremlin, tu procéderas comme à l’Institut. La lettre d’Argata devra être remise en mains propres de la destinataire, et tu tâcheras de la décider à emprunter ton automobile pour répondre à l’appel de la directrice du pensionnat. Cela te mettra vers neuf heures dans cet établissement. J’y serai, selon toute probabilité. Au cas où, par impossible, je ne serais pas libre, j’enverrai des instructions. Tu as bien compris ?

— Rien du tout… c’est-à-dire, patron… ce que j’ai à faire, oh ! ça, c’est limpide. Mais pourquoi je le fais, ça, c’est la bouteille a l’encre.

— Tu sauras plus tard. Sois persuadé seulement que tes actions ont une importance capitale, et que tu auras travaillé à adoucir autant que possible la terrible situation de M. Defrance.

Puis, descendant sur la chaussée :

— Va te reposer, mon enfant, mais à huit heures précises présente-toi à l’Institut. Va.

Comme obéissant à sa voix, l’automobile vira aussitôt. Quelques instants plus tard, elle avait disparu.

Alors Dick Fann, se jetant dans Généralskaïa, gagna bientôt la voie Préobrajensky, qu’il parcourut jusqu’à la barrière à laquelle le faubourg a donné son nom.

Là, il discerna une maison, dont la porte était précédée d’un perron de trois marches. Il se glissa sous la voussure et disparut dans son ombre.

Combien de temps dura sa faction ? Plusieurs heures, car les premières lueurs de l’aube blanchissaient les maisons, lorsque les sabots d’un cheval sonnèrent sur les larges dalles de la barrière.

Dick regarda et eut un soupir de satisfaction. Un cheval bai se tenait immobile à présent, tandis que son cavalier parlementait avec les cosaques préposés à la garde de cette entrée de la ville sainte.

« Tiens ! se dit le jeune homme, la boîte est beaucoup plus haute que je ne l’avais supposé. »

La réflexion lui était arrachée par la vue d’une boîte noirâtre, que le nouveau venu portait sous son bras.

Son étonnement ne dura pas. L’homme ouvrait la boîte, la présentant aux regards des cosaques, tandis que sa voix parvenait jusqu’au détective.