Et, de toutes parts, des craquements crépitent parmi les broussailles.
Étrange. Le bruit cesse tout à coup. Les voyageurs s’interrogent du regard. Leurs lèvres s’entr’ouvrent pour cette question :
— Que signifie tout cela ? Quelle nouvelle surprise nous est réservée ?
Mais ils ont le même mouvement d’épaules découragé. Comment connaîtraient-ils la cause d’une manœuvre de cavalerie ?
Ils reviennent à l’impression qui les tracassait tout à l’heure, à cette irritation de l’épiderme qui dure toujours. Car de quelque côté qu’ils se tournent, une chose inexplicable se dresse. Ils sont pris dans la trame du mystère.
— Nous n’avions rien de semblable en quittant l’hôtel de Moskva-Restauration.
— Cela est évident, père. Des impressions aussi désagréables ne sauraient passer inaperçues, si préoccupé soit-on.
— Alors, ces rougeurs ne proviendraient-elles pas du travail que le maudit Larmette nous a fait exécuter ?
— Oh ! remuer du gazon, un peu de terre…
Mais le Canadien tient à l’idée encore vague en son esprit.
— Le coquin qui nous a conduits ici nous a laissé les bizarres petites pelles dont il nous avait armés. Si nous nous en servions pour soulever les plaques de gazon qu’il a soigneusement replacées…
— Qu’espérez-vous de ce travail, mon père ?
— Eh ! le sais-je ?… Observer, chercher… voilà ce que je souhaite.
Fleuriane ne résista pas davantage. Elle aussi, après tout, désirait découvrir la cause du labeur singulier auquel on l’avait contrainte.
Un instant plus tard, le père et la fille bouleversaient les mottes gazonnées. M. Defrance se penchait, observant le sol mis à nu avec une attention profonde. Or, dans chaque surface découverte se discernait la forme d’un cube rectangulaire. Le sol avait l’empreinte d’un corps ; selon toute probabilité, d’une boîte enfouie là.
— Les petits coffrets contenaient le trésor, déclara le Canadien.
— Pas bien considérable en ce cas, fit Fleuriane en riant. Il y avait une vingtaine de boites, chacune mesurant cinq centimètres sur deux.