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CHAPITRE II

La Clairière radiante


Une heure a coulé ainsi.

L’automobile, au lieu de poursuivre sa route vers les bois, opère un brusque crochet et s’engage dans un vallonnement resserré entre deux collines.

Des exploitations de pierres ont déchiré les flancs des hauteurs. Les roches, déchiquetées par la mine, apparaissent en plaques blanchâtres, perçant le ton foncé des verdures. La Botera file toujours.

Soudain, elle stoppe brusquement.

À deux pas de la machine, une clôture de lattes forme une sorte de courette entourant une baraque de planches.

Et à un sifflement modulé de façon particulière par le joaillier, la porte branlante de la cahute s’ouvre. Un homme parait. Il a l’allure d’un carrier, d’un de ces moujiks qui extraient la pierre renommée de Bjorsky.

Il vient auprès de celui qui l’a appelé. Les deux hommes s’entretiennent à mi-voix.

Mais Fleuriane et son père ont beau prêter l’oreille, ils ne comprennent pas le sens des paroles prononcées.

Certes, ils reconnaissent des mots français, mais ceux-ci sont noyés dans des vocables étranges, inédits. Quel est ce langage ? À coup sûr ce n’est pas du russe. Bien qu’ils ne le parlent pas, les voyageurs se sont familiarisés depuis des semaines avec les consonnances moscovites. Ils ne sauraient s’y tromper. Donc, ni russe, ni français, ni anglais, ni allemand, ces derniers idiomes leur étant plus ou moins connus.